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Pour nous, comme l’écrit Peter Brook, le théâtre est un instrument ancien et fondamental qui nous aide à vivre un seul et unique drame, celui de notre existence, et à trouver notre chemin vers la source de ce que nous sommes.

Mais de quoi est-il fait ce théâtre ?

Un théâtre du silence… Et une parole vient, venue de loin. Et l’étrange immobilité des acteurs, qui est mouvement intérieur. Et leur abandon : ils sont guidés par une intuition lumineuse. Il leur vient un geste exténué, débarrassé de tout vouloir.

Mais que dit-il, ce théâtre ?

Il parle peu, il n’est pas séparé du silence, il n’épuise pas le silence. Il fait surgir des sens oubliés, l’émotion la plus grande…

Mais que veut-il exprimer ?

Il ne veut rien exprimer ! Toute action diurne cesse enfin son empire, son emprise : apparaît alors l’inconnu de nos vies : l’insu, l’inexprimable. Ce théâtre relève de la matière noire de notre existence, de notre mémoire enfouie, de nos rêves. On désapprend la volonté : abolition de la tour de contrôle ! On échappe à sa propre garde. On “écrit” ce qui meurt sans cesse : ça vient de loin, loin! Au-delà ! Là-bas ! C’est un théâtre qui vient de l’Autre côté du monde !

Mais y-a-t-il une méthode pour cela ?

Ce théâtre, depuis plus de 20 ans, est enseigné, à Paris, à Compiègne, au Château de la Roche-Guyon, en Toscane. Disons qu’il y a une manière assez précise d’y “arriver”, qui nous sert de guide : une méthode si on veut. Des “exercices”, pratiqués depuis longtemps, permettent d’atteindre ce “Là-bas”…

Mais moi, puis-je venir ?

Oui, tout le monde peut venir : non-acteurs, acteurs (qui le sont ou  rêvent de l’être), les petits, les grands, les bègues, les vifs, les étrangers, les raisonnables, les fous, les difformes, les athlètes, les rachitiques, les égarés, les chercheurs de vérité, et même les “malheureux”, et peut-être surtout eux, mais tout le monde peut venir !

Nous vous invitons à vous initier à ce théâtre à la fois matérialiste et “étrangement spiritualiste”. Venez découvrir ce “Là-bas”, cette terre exilée, à la dérive sur quelque océan du cœur !

« Nous ne voulons pas enseigner à l’acteur un ensemble prédéterminé de moyens ou lui donner un « bagage d’artifice ». Notre méthode n’est pas une méthode déductive qui additionne les « moyens ». Ici, tout est concentré sur le « mûrissement » de l’acteur qui se révèle par une tension vers l’extrême, par un dépouillement complet, par la mise à nu de sa propre intimité – tout ceci sans égotisme ou auto-délectation. L’acteur offre un don total de lui-même. C’est une technique de l’intégration de toutes les puissances psychiques-charnelles de l’acteur, qui émerge de la base de son être et de son instinct, jaillissant en une espèce de « translumination ». »

Jerzy Grotowski, Vers un théâtre pauvre